De son fief de Los Angeles, Andre Afram Asmar observe le Moyen-Orient à la longue vue, avec un oeil plus ouvert que la normale. Avec son nouvel album “Harmonic Emergency”, il évite de jouer le guide touristique en nous baladant au milieu de sonorités orientales chiantes avec chameaux, bédouins, tempêtes de sable, souks et tout le toutim. Sa vision singulière de la world music a déjà séduit MC Circus (The Shapeshifters), le pionnier dub Scientist, et autres instrumentistes et vocalistes. Intelligemment, il combine electronica, reggae et paysages traditionnels, à commencer par “We Want U 2 Know”, cavalcade percussive et jazzy qui aide le soleil à se lever sur ce disque pittoresque. Derrière la richesse de l’excellent “Onward Farword” se cachent des flûtes de charmeurs de cobras, des percus qui roulent, des breaks syncopés… Un mille-feuilles intrumental qui restera le thème numéro un de l’album. “U Too Can Syn” entre dans un sujet reggae nuageux et narcotique comme une bouffée d’opium, comme le dubby “13″ qui mérite une petite danse du ventre sur le caisson de basse du soundsystem. On trouve aussi des morceaux plus traditionnels dans l’âme, comme “Gotta Feel It”, malgré tout malmené par les machines. Mais avec autant d’idées à la seconde, il y a forcément un moment ou Andre Afram Asmar se perd dans des limbes psychédéliques fatalement déroutantes, comme sur “Xactly” ou “Food and Friends”, superposition de cris et d’effets agaçants. Outre le port de la barbe, il rappelle aussi Gonjasufi dans sa façon bancale d’aborder le chant, par exemple sur “Camp Justice” au charme renforcé par une voix d’enfant, qui contraste avec l’hypnotique “Grace From The Bottom” et ses sons microscopiques qui s’échappent du bitume…. - Mowno |