Les années passent et ne se ressemblent pas forcément. Un fait irrémédiable qui ne s’avère être qu’un détail quand on parvient à dompter le temps, ou à défaut de le devancer, au moins l’accompagner. La scène electro hip hop, si passionnante il y a une poignée d’année, reste aujourd’hui généralement peu inventive: chaque artiste y soigne son créneau, et beaucoup finissent par tourner en rond. La faute? Peut-être les machines qui, quand elles ne sont pas baignées dans d’ambitieux moyens de production, finissent par forcer un producteur à s’emprisonner tout seul. Ceux restés à la surface sont rares, et pendant qu’une belle brochette touche le fond, d’autres ont encore la force de nager. Au milieu des épuisés, Thavius Beck, pourtant auteur d’un “Decomposition” prometteur il y a deux ans. Depuis, l’homme s’est efforcé de mûrir, a accompagné Saul Williams en tournée et s’est vite attelé à ce “Thru”, comme une question de survie. 2006, et Thavius Beck patauge dans son electro hip hop aux étiquettes dark et expérimentale devenues banales. On serait pourtant irrespectueux si on n’admettait pas que quelques-uns des treize titres de cet opus reflètent quand même quelques éclairs d’inspiration. Au début notamment, quand il bénéficie de nos oreilles encore fraîches. Alors, oui, on apprécie la chape de plomb qu’est “Sonic Sound”, le faussement plat “He’s Back”, les accents drum n’bass de “Under Pressure”, même ce “Reaching” ou Thavius Beck se fait MC. La suite ne présente que peu d’intérêt, mais se veut heureusement assez digeste pour ne pas nous faire couler complètement. N’empêche qu’on en vient à rapidement regarder sa montre. Et ni 2Mex sur “Dedicated To Difficulty”, ni l’inconnu Nocando sur “98″, ni Mia Doi Todd sur “Down”, et encore moins Saul Williams sur “Lyrical Gunplay” ne contribueront à changer la donne. Entre couler ou flotter, Thavius Beck ne sait donc pas encore quel sort lui sera réservé. Mais faudrait voir à ne pas traîner. - Mowno |